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Policy brief : Carbon Farming, une fausse solution

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On peut définir le « carbon farming » au niveau agronomique comme l’ensemble des pratiques agricoles permettant aux agriculteurs/rices de stocker du carbone et/ou de réduire leurs émissions au sein de leurs fermes (ex. agroforesterie, couverts végétaux, gestion des tourbières). Étant donné les faibles progrès du secteur agricole en matière de climat depuis une dizaine d’années, l’idée d’inciter financièrement ce type de pratiques est louable. Cela se fait déjà à l’aide de politiques publiques, telles certaines mesures de la politique agricole commune (PAC) de l’UE, mais aussi et de manière croissante via des initiatives privées, en lien notamment avec l’essor des marchés volontaires du carbone (MVC) et les objectifs de neutralité carbone (voir encadré) d’un nombre grandissant d’entreprises (multinationales).

Face au développement incontrôlé et à la grande diversité des modèles économiques volontaires associés au carbon farming, la Commission européenne souhaite mieux les encadrer. Elle a fait une proposition dans ce sens en novembre 2022, avec le cadre dit de « certification des absorptions de carbone » (CRCF selon l’acronyme anglais de Carbon Removal Certification Framework), qui inclut également les méthodes industrielles de captation et stockage de carbone. Ses objectifs sont d’harmoniser au niveau européen les normes et méthodologies existantes et de garantir la qualité et l’impact des projets financés. L’objectif plus global est que les pratiques de carbon farming contribuent à hauteur de 42 Mt CO2e d’absorption annuelle d’ici 2030 (sur un total de 310 Mt pour le
secteur des terres), dans le cadre du Pacte Vert et de la loi européenne sur le climat (Fitfor55, qui vise pour rappel la neutralité climatique en 2050).
Malgré les ambitions affichées, Agroecology in Action (AiA) s’aligne avec la position de plusieurs organisations de la société civile européenne (principalement European Coordination Via Campesina, Carbon Market Watch et Institute for Agriculture and Trade Policy), qui estiment que le CRCF présente de nombreuses lacunes, et qu’en l’état, le carbon farming doit en être exclu.

Ce policy brief résume les arguments justifiant un tel positionnement (limité au seul carbon farming et non à l’ensemble des méthodes d’absorption du carbone) puis présente quelques modèles alternatifs et leurs financements, en faveur de la transition agroécologique et de la décarbonation du secteur agricole européen.

Messages clés

  • Agroecology in Action (AiA) s’oppose au principe de financement des pratiques de carbon farming via des crédits carbone issus des marchés volontaires du carbone (MVC) et est favorable à l’exclusion du carbon farming du système de certification européen (CRCF).
  • Parmi les nombreuses raisons pour lesquelles AiA considère que c’est une « fausse bonne idée » : l’inefficacité du modèle (risques de désincitant aux réductions d’émissions, d’impermanence du stockage, complexité et coûts de suivi élevés), son caractère inéquitable (risques économiques, fonciers et en matière de sécurité alimentaire) et les menaces qu’il fait peser sur la PAC.
  • AiA est donc d’accord avec la nécessité de stocker davantage de carbone via l’agriculture mais opposée au principe d’impliquer les terres agricoles dans les marchés du carbone.
  • Comme alternative aux marchés carbone, AiA propose de se baser sur (et de généraliser) certains outils existants au sein de certains plans stratégiques de la PAC et de développer le financement (essentiellement public) de l’agroécologie. Cette dernière constitue une source importante de réduction et d’absorption des émissions (agricoles) tout en apportant de nombreux co-bénéfices sociaux et environnementaux.

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